N°715 Dormi fable d'éveil - travaille en 1977, imprimé en 1981 - signé -Ed. 51-100

1 350,00 CHF
TTC

Fiche technique

Type peinture
sérigraphie
Genre de peinture - école
école Cobra
Dimensions en cm sans cadres
63 x 77
Quantité

Dotremont Christian & Appel Karel

Christian Dotremont est né le 12 décembre 1922. Son père, Stanislas Dotremont (ou D’Otremont), dirige La Revue Latine (1920) et sera par la suite à la tête de La Revue Internationale de Musique (1938) et de La Revue Internationale de Psycho-Pédagogie (1954). Mais il est également romaNCier, essayiste, dramaturge et poète. Quant à sa mère, elle travaille aux Éditions Degrelle et écrit des poèmes. Cet environnement a une influeNCe sur Christian Dotremont qui commeNCe à écrire très jeune. C’est d’ailleurs à l’âge de treize ans que son poème Le printemps est publié dans Le Petit Vingtième. À la séparation de ses parents, dans les années 1930, Christian Dotremont, dont les parents sont de tradition catholique, fréquente divers pensionnats et se retrouve, après avoir été expulsé du collège pour indiscipline, chez les Jésuites à Liège. Ses premiers cours de dessin, à l’Académie de Louvain (en 1937), et ses premières lectures datent de cette époque. Il lit Baudelaire, Rimbaud, Paul Éluard, etc. De nouveau expulsé, il séjourne quelque temps chez son père, à Bruxelles. En 1940, à 18 ans, il découvre la revue surréaliste L’invention collective éditée par Raoul Ubac et René Magritte dans la vitrine de la librairie de La Licorne, rue de la Madeleine, à Bruxelles. »2 Il décide alors d’envoyer son poème ANCienne Éternité au comité de rédaction et obtient une réponse enthousiaste. C’est le premier contact avec le surréalisme. À ce moment-là, Christian Dotremont s’intéresse particulièrement à l’œuvre de René Magritte. Ce qui le fascine, c’est le rapport mot-chose-image et l’ambiguïté sur laquelle Magritte joue avec ces trois coNCepts. Christian Dotremont trouve cela très intéressant, mais il souhaite aller plus loin dans la recherche artistique, dans l’expérimentation. Dès le départ, il est attiré par les mots et surtout par leur dimension matérielle. En effet, pour lui, les mots ne servent pas seulement à représenter des choses ou leur signification mais ils ont une réalité propre. Cependant, il entre dans le mouvement surréaliste à un moment particulier. En effet, plusieurs surréalistes, dont André Breton, ont quitté la FraNCe après la débâcle de 1940 où l’armée française cède face à l’invasion allemande. Christian Dotremont arrive d’ailleurs à Paris un mois seulement après le départ de Breton pour les États-Unis, en mars 1941. Le surréalisme s’en trouve affaibli, du fait notamment qu’il existait déjà avant la guerre des désaccords dans le groupe autour de l’adhésion d’Aragon au Parti Communiste, et des hésitations d’Éluard par exemple3. C’est alors que le groupe retrouve un nouveau souffle, grâce à une génération plus jeune qui prend la relève. Elle est soutenue par ceux qui ont choisi de rester et parmi lesquels on compte Éluard et Picasso. Mais également par d’autres qui viennent d’ailleurs, dont on peut citer Ubac et Dotremont. Précisons que Christian Dotremont a participé à deux revues qui ont maintenu la flamme surréaliste pendant la guerre4, L’invention collective, (dont seulement deux numéros paraîtront) précédemment citée et La Main à Plume qui paraîtra de 1941 à 1944. Cette dernière, dont l’intitulé est un hommage à Rimbaud5, a pour but de protéger et de développer l’héritage d’André Breton, théoricien du surréalisme. Elle fut mise en place afin de souder les « nouveaux » membres du groupe surréaliste. Dans le premier numéro de La Main à Plume, on retrouve le manifeste du groupe surréaliste nouvellement formé. Écrit par Jean-François Chabrun, ce manifeste « a à la fois pour enjeu de situer le groupe vis-à-vis de ceux qui sont partis (« si tu peux rester, reste ») et d’affirmer un effet générationnel sur le mode de : « nous représentons la relève »6. C’est doNC en avril 1941 que Christian Dotremont arrive à Paris où il reNContre Paul Éluard. Ce dernier le conduit alors dans l’atelier de Picasso. C’est dans ce lieu qu’il se rend compte que les deux artistes travaillent en collaboration pour aboutir à une œuvre commune. Cette façon de travailler, en mélangeant les disciplines, intéresse grandement Christian Dotremont. Il côtoie des écrivains tels que Jean Cocteau, des artistes surréalistes et voit beaucoup de peintures et sculptures d’André Breton. En dehors de cela, il continue à écrire des poèmes tels que La Reine des murs, Noués comme une cravate, etc. Deux ans plus tard, en 1943, Christian Dotremont rentre en Belgique. Il écrit toujours : il publie des essais sur le langage et effectue des Recherches sur les mots-gigognes esquissées dès Lettres d’amour7,8. Cette même année, il fonde les Éditions du serpent de mer avec lesquelles il entreprend une publication : L’homme à naître qui comprendra trois volumes9. C’est également à cette époque (juillet 1944) qu’il épouse Ai-Li Mian, une jeune eurasienne. La Chine l’intéresse beaucoup et il publiera la même année deux poèmes : Le Matin et L’Avant-Matin. Dans une de ses lettres à Paul Bourgoignie, poète belge, il écrira à propos d’Ai-Li : « Elle a apporté à Cobra une contribution énorme, on peut dire que dans une large mesure elle a aussi finaNCé Cobra »10. Mais ce mariage ne durera pas et quelques années plus tard, ils se séparent. En 1944, la question de l’engagement politique du mouvement surréaliste, présente dès ses débuts, devient une obsession et provoque la scission du groupe. À Bruxelles, en 1946, il fonde, avec Jean Seeger, la revue surréaliste Les Deux Sœurs qui ne comptera que trois numéros. Dans le dernier numéro (paru en mai 1947), on trouve un texte manifestaire et théorique de Christian Dotremont intitulé Le surréalisme révolutionnaire. Ce texte fondamental jettera les bases du nouveau mouvement du même nom dont le manifeste est Pas de quartiers dans la révolution ! Celui-ci date du 7 juin 1947 (même s’il fut signé le 17 mai) et est rédigé par Christian Dotremont et Jean Seeger. Mais comment en est-on arrivé là ? De retour à Paris, « ville à la fois lumière et fumière. Je suis, moi [Christian Dotremont], dans une île excessivement grande où le surréalisme tourne comme du lait. En fera-t-on du fromage pour les grandes dames de l’aristocratie ? »11. Christian Dotremont s’éloigne doNC peu à peu du mouvement surréaliste de Breton. Mais c’est précisément en 1947 que le déclic se réalise. En effet, cette année-là, Henri Lefèbvre, sociologue et philosophe français, publie la Critique de la vie quotidienne. Dans cet ouvrage, il désire que les Hommes retrouvent leur joie d’être, leur spontanéité, leurs désirs essentiels, choses qui sont effacées par la société capitaliste et bourgeoise. Cette lecture est très marquante pour Christian Dotremont car cela va l’éloigner eNCore plus du surréalisme parisien. En effet, celui-ci tombe dans la théorisation, l’imposition de règles, ce que Christian Dotremont critiquait. C’est de cette manière qu’en 1947 Christian Dotremont décide de fonder, avec Paul Bourgoignie et Jean Seeger, le mouvement surréaliste révolutionnaire. Celui-ci s’internationalise ensuite avec un groupe surréaliste révolutionnaire français qui fut fondé à la suite du tract La cause est entendue (1er juillet 1947) rédigé par le groupe des surréalistes révolutionnaires belges et dans lequel ils rompaient toutes relations avec le surréalisme de Breton. Ce groupe français, réuni autour de Noël Arnaud, Edouard Jaguer et René Passeron, ne dure pas très longtemps (autodissolution le 10 avril 1948). En 1948, il met en place une revue, Le Surréalisme révolutionnaire, qui ne compte qu’un seul numéro. Dans celui-ci, on retrouve un texte de lui où la phrase « il ne faut rien céder à la réalité »12 apparaît. Cette phrase montre clairement que Christian Dotremont reste fidèle à la surréalité tout en indiquant qu’il faut lutter. Cette lutte réclame un engagement politique qui avait abouti pour Christian Dotremont à son adhésion au Parti Communiste belge, en 1947. Dans le surréalisme révolutionnaire, on retrouve doNC ces deux dimensions mises ensemble : la surréalité et la révolution. À propos de cette dimension révolutionnaire, il confiera à Bourgoignie : « je crois qu'un révolutionnaire doit à la fois s'installer et ne pas s'installer, avoir un foyer et ne pas avoir de coquille ». Il lui ajoute : « quant à moi, il me serait impossible de me sentir fixé dans un intérieur. J'ai besoin de pouvoir à tout moment partir ». Il appelle lui-même ce sentiment : « l'anti-nid ».
« ENCore un nid est-il fait pour s'en envoler... »13. En 1948, il crée également le Bulletin International du Surréalisme révolutionnaire qui n’aura, comme pour la revue, qu’un seul numéro en raison de difficultés finaNCières. Mais d’autres difficultés font surface pour ce nouveau mouvement. En effet, Christian Dotremont a l’impression désagréable que le groupe n’est plus, si lui ne fait rien : « les s. r. belges ont pris la mauvaise habitude de tout attendre de moi »14. Le Parti Communiste engendre également des problèmes car Magritte, Nougé et Mariën ont mis en œuvre une « manœuvre machiavélique », selon les termes de Christian Dotremont. Cette manœuvre consisterait à se rapprocher du Parti Communiste dans le seul but de faire « couler définitivement le surréalisme-révolutionnaire »15. Il demande doNC à Bourgoignie d’aller voir Antonia Grégoire, responsable nationale du Parti Communiste, « sans avoir l’air de rien, à moins de lui expliquer carrément la situation »15. Pour lui, le Parti Communiste commettrait une grande erreur en s’associant au surréalisme de Magritte, Nougé et Mariën. Il souhaite doNC montrer au Parti « ce que nous sommes et que nous sommes assez puissants »16. Le groupe des surréalistes révolutionnaires belges se maintient dans le mouvement CoBrA jusqu’en 1949. Toujours en 1948, Christian Dotremont réalise, avec Asger Jorn, les premières peintures-mots et dessins-mots spontanés. Il reNContra ce peintre danois cette même année lors d’une réunion à l’Horloge17 et, de là, une profonde amitié les lièrent jusqu’à la mort de Jorn en 1973. Christian Dotremont relate d’ailleurs l’annoNCe de sa mort dans une de ses lettres à Jacques Calonne :
« Oui, l’atroce nouvelle. Nous voilà beaucoup plus seuls. […] J’ai appris sa mort il y a quelques jours. Il y avait beaucoup de courrier à la poste. […] enfin j’ai ouvert l’enveloppe portant le nom de Mogens Balle, il n’y avait que des extraits de journaux danois, un titre m’a sauté aux yeux : « Asger Jorn dód » et j’ai éclaté en sanglots. […] Jorn est mort sans souffrir, il venait de boire du vin, avait parlé une vingtaine de minutes, s’était endormi, il est mort dans ce sommeil. […] Tu le penses bien, cette nouvelle de la mort de Jorn, abîme ce séjour, ce voyage [à Ivalo]. Mais il faut continuer à vivre et travailler. Travailler d’autant plus qu’il est mort, l’art de Cobra doit continuer à se développer eNCore »18. Quelque temps après les premières peintures-mots de Dotremont et Jorn, trois Hollandais débarquent à Bruxelles, au fameux 10 rue de la Paille19. Il s’agit de Constant, Appel et Corneille. Ils continuent alors ensemble l’expérimentation des peintures-mots. Leurs discussions leur font réaliser qu’ils ont une vision commune de l’art. On y retrouve : « le matérialisme dialectique, l'art expérimental, l’activité véritablement collective, le ras-le-bol de la théorie et du parlementarisme »20 ainsi qu’un «« désir de profond renouvellement de la culture, un grand désir d'anti-culture, d'art antiartistique »21. C’est lors de la ConféreNCe Internationale du Centre de Documentation sur l’Art d’Avant-garde organisée par l’aNCien groupe des surréalistes révolutionnaires français début novembre 1948 à Paris que le mouvement CoBrA va se mettre en place. Sont présents à cette occasion Dotremont et Noiret (pour la Belgique), Jorn (pour le Danemark), Constant, Corneille et Appel (pour les Pays-Bas). Mais la conféreNCe tourne mal car on assiste à un véritable règlement de comptes entre le groupe français et le groupe belge du mouvement surréalisme révolutionnaire. « Dotremont est persuadé que les Français ne l'ont organisée que pour mettre fin au mouvement surréaliste révolutionnaire dans son ensemble et faire son procès »20.
A la suite de cela, les groupes belge, hollandais et danois quittent la conféreNCe, le 8 novembre 1948. Dans le café Notre-Dame que nos six protagonistes signent un texte de Christian Dotremont intitulé La cause était entendue (en référeNCe au tract La cause est entendue) et qui donnera naissaNCe au mouvement baptisé CoBrA (acronyme de Copenhague, Bruxelles et Amsterdam), du nom des trois villes d’où viennent ces artistes. La particularité de ce mouvement est qu’il possède un manifeste anti-théorique.
Entre 1949 et 1951, toute l’activité de Christian Dotremont tourne autour du mouvement CoBrA : organisations d’expositions, expérimentations (peintures-mots22, œuvres collectives23, etc.), coordination des activités du groupe et des publications. Il est rédacteur en chef des numéro 2 et 3 de la revue Cobra. Avec Pierre Alechinsky, il rédige Le Petit Cobra En mars 1949, a lieu la deuxième exposition CoBrA au deuxième étage de l'aNCien Palais des beaux-arts de Liège. Elle s’intitule La Fin et les moyens. C’est là que Christian Dotremont reNContre Pierre Alechinsky au contact duquel il se découvre peintre. Le mouvement CoBrA s’achève en 1951 bien que Christian Dotremont continuera à le faire vivre. 1969 pendant quelques années) et où il réalisa de nombreux logogrammes. Il émit son dernier souffle entouré de sa famille et de ses amis. « De sa part, attentions pour les autres, derniers sourires, paroles, gestes. »46. Il laisse derrière lui une œuvre importante, un héritage, une trace. https://fr.wikipedia.org/wiki/Christian_Dotremont

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